Le 11 octobre 1963, Jean Cocteau s’éteignait dans sa maison de Milly-la-Forêt, transformée aujourd’hui en musée avec le soutien du Département.
A l’occasion des 60 ans de sa disparition, retour sur son amour pour cette ville où il a passé les 16 dernières années de sa vie et qui lui rend hommage à travers une programmation spéciale.
Entre Jean Cocteau et Milly-la-Forêt, c’est une histoire d’art, d’amour et d’eau fraîche. En 1947, l’artiste, las de l’agitation parisienne, tombe sous le charme de cette petite commune du sud-est de l’Essonne, située aux portes de la forêt de Fontainebleau. Avec son compagnon l’acteur Jean Marais, il y achète une maison bordée par un ruisseau, tout près du centre-ville. Il s’agit d’une ancienne demeure du XVIIIe siècle, de style Louis XIII, entourée d’un domaine de 2 hectares avec jardins, verger, parc boisé et des douves qui traversent la propriété. Cet endroit devient son refuge : Cocteau y résidera jusqu’à sa mort en 1963.
« C’est la maison qui m’attendait »
Le cinéaste, dessinateur, dramaturge, écrivain, peintre, poète et dessinateur y écrira une partie importante de son œuvre : des poésies, des pièces de théâtre, des scénarios de films (Ruy Blas, Les Enfants Terribles)… « C’est la maison qui m’attendait (…). Elle me donne l’exemple de l’absurde entêtement magnifique des végétaux (…). L’eau des douves et le soleil peignent sur les parois de ma chambre leurs faux marbres mobiles. », écrit-il.
En 1959, à la demande des élus de Milly-la-Forêt, Jean Cocteau décore la chapelle Saint-Blaise-des-Simples, toute proche de chez lui et en cours de restauration. Il y dessine les vitraux représentant la Résurrection du Christ et des fresques murales ayant pour thème des plantes médicinales : les simples qui donnent leur nom à la chapelle. Celle-ci est l’unique vestige d’une léproserie du XIIe siècle et Saint Blaise avait la réputation d’être guérisseur par les plantes médicinales. A sa mort en 1963, Cocteau voulut être enterré dans cette chapelle qu’il avait décorée. Son corps y fut transféré en 1964. Sur sa tombe a été inscrite la phrase : « Je reste avec vous. »
Pièces restaurées à l’identique
Sa maison quant à elle est acquise en 2002 par Pierre Bergé, avec l’aide financière du Département de l’Essonne et de la Région Ile-de-France. Depuis, elle a été fidèlement restaurée et ouverte au public en tant que musée en juin 2010. « Nous avons restauré les pièces à l’identique pour donner l’impression que Cocteau est là, qu’il accueille le visiteur en personne », explique Stéphane Chomant, secrétaire général de l’association Maison Jean Cocteau. Le Département a de son côté réalisé les relevés de la maison, l’inventaire de toute la collection Cocteau conservée aux Archives départementales et assuré la mise en scène des pièces. Le grand salon au rez-de-chaussée, la chambre et le bureau au premier étage sont donc tels que Cocteau les a laissés à sa disparition, avec meubles, objets de décoration, photographies, manuscrits, lettres, journaux… Une salle d’exposition temporaire de 100 m² présente diverses expositions temporaires, la programmation changeant à chaque saison.
Expos, concerts et commémoration à la chapelle Saint-Blaise-des-Simples
En 2023, année de commémoration du 60e anniversaire de sa disparition, une programmation spéciale « année Cocteau » a été lancée dès le mois de mars par la Maison Cocteau, la ville de Milly-la-Forêt et les associations locales : expositions d’œuvres de l’artiste, concerts, lectures publiques, projections, conférences… Deux expositions sur ses univers musicaux sont encore en cours à la Maison Jean Cocteau jusqu’au 29 octobre. Jusqu’au 3 décembre, des reproductions de photographies de l’artiste sont exposées dans le parc du Moustier. Une autre exposition-hommage se tient également jusqu’au 3 décembre à l’espace culturel Paul Bédu avec des prêts d’œuvres du tailleur de pierre Orphée Dermit et de galeries artistiques.
Une commémoration officielle de la mort de Jean Cocteau aura lieu le samedi 14 octobre à 11 heures à la chapelle Saint-Blaise-des-Simples où il est enterré.
Un concert de clôture de l’année d’hommage se tiendra le même jour à la salle des fêtes, interprété par les élèves et les professeurs du conservatoire intercommunal des Deux Vallées.
Et pour les enfants, la médiathèque du Moustier organise une murder party le vendredi 20 octobre autour de l’histoire du manoir enchanté du film La Belle et la Bête, réalisé par Cocteau en 1946.